Vu Detachment de T. Kaye (2012) avec Adrien Brody. Detachment est un film troublant et finalement terrible qui dévoile mine de rien des éléments d’une rare dureté sur le système éducatif aux États-Unis.
L’âpreté des relations professionnelles est tout bonnement glaçante entre l’incroyable brutalité du limogeage de la directrice de l’établissement, l’abandon de poste d’un cadre de l’établissement qui ne s’exprime que par messages téléphoniques, l’invisibilité d’un enseignant, etc. Ce qui frappe également, c’est l’absence d’empathie de tous et toutes qu’illustre génialement la scène la cagnotte pour le collègue décédé (on se réjouit de revoir un James Caan vieillissant dans un rôle aussi furieusement déjanté). Au quotidien professionnel déprimant répond par un jeu de miroir presque systématique la vacuité des relations familiales ou amicales.
Les élèves n’apparaissent que pour être broyés par ce système malade.
Le personnage incarné par Brody, professeur remplaçant, s’emploie à traverser le film en se préservant au maximum. Il est réputé être le meilleur professeur remplaçant du coin mais son détachement est impuissant à étouffer son humanité. L’empathie est un luxe que peu peuvent s’autoriser, son coût est toujours élevé.
Detachment est à mille lieues de ces happy movies mettant en scène des enseignants qui parviennent à élever des élèves au-dessus de leurs conditions. La carte jouée par le metteur en scène est plutôt celle du réalisme cru qui voit un enseignant essayer de sauver, presque malgré lui, ce qui peut encore l’être. C’est noir, brutal, parfois étouffant et magistralement servi par une très belle distribution d’acteurs/trices.
Ce long métrage pose magistralement la question du fonctionnement et des finalités d’un système éducatif tombé en déréliction. Corollairement, Detachment pose la question de ce qui est faisable pour des professionnels enfermés dans des machines folles.
Detachment offre le spectacle déprimant de la chute d’un système éducatif…
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